Article en exclu! Débat avorté...

Un de mes articles a été trappé dans "La Presse". Manque de place... Je vous le livre donc en exclusivité! Il s'agit du débat entre étudiants pour ou contre le renouvellement de la concession à la RCTV. Votre avis m'intéresse!

Le débat entre pro et anti Chavez tourne court
Vingt étudiants devaient débattre de la liberté d’expression devant l’Assemblée, mais dix se sont retirés

« Nous ne sommes pas socialistes, nous sommes des êtres sociaux ! Nous ne sommes pas libéraux mais libres ! Nous ne sommes pas de l’opposition, nous avons des propositions ! » C’est ce qu’ont voulu dire devant l’Assemblée Nationale les étudiants qui depuis trois semaines manifestent pour la liberté d’expression. Dix d’entre eux ont obtenu de pouvoir exprimer leurs revendications devant les députés. Par souci d’équilibre, ils étaient confrontés à dix autres étudiants, favorables au gouvernement et à sa décision de ne pas renouveler la concession à la chaîne privée RCTV.
Vêtu du maillot Rouge habituellement réservé aux chavistes c’est un étudiant en économie qui a ouvert le débat. Après avoir félicité les étudiants pour leur engagement en faveur de la démocratie, il s’en est pris aux députés qui cherchent selon lui à discréditer, voire à criminaliser le mouvement estudiantin : « Nous luttons pour la liberté d’expression dans le cadre de la constitution. C’est notre droit et notre devoir. Nous ne servons aucun intérêt étranger et si nous sommes armés, ce n’est que de notre jeunesse, notre espérance et notre volonté. » Pour conclure, il a retiré son maillot chaviste en déclarant : « Nous rêvons d’un pays où il n’y ait pas besoin de ça pour être entendu ! » C’est une étudiante en droit dans la prestigieuse Université Centrale du Vénézuéla qui lui a succédé. Elle a demandé aux étudiants manifestants s’ils ne confondaient pas la liberté d’expression et la liberté d’entreprise de Marcel Granier, directeur général de RCTV pour qui selon elle, « les ouvriers, les indigènes, les femmes de couleur n’ont pas voix au chapitre » et pour qui « la femme est un objet sexuel. » Chaleureusement applaudie par une assemblée essentiellement chaviste, elle est restée estomaquée lorsque l’étudiant suivant a expliqué au perchoir que, n’étant pas venue pour un débat politique stérile, sa délégation se retirait pour aller manifester.
Face à cet imprévu, la présidente de l’assemblée s’est emportée : « Que devons-nous penser si ce n’est que vous n’avez rien d’autre à dire ? Que pouvons-nous penser si ce n’est que derrière vous, il y a effectivement des politiciens qui vous manipulent pour déstabiliser le pays ? ». Elle a ensuite donné la parole aux étudiants restants. Le premier d’entre eux, très en colère a fait le parallèle avec un autre sujet d’actualité: « Comme Condoleeza Rice, ils fuient le débat après avoir imposé un sujet qui n’était pas dans l’agenda ». Quelques jours plus tôt, la secrétaire d’Etat américaine a en effet quitté l’Assemblée générale de l’Organisation des états d’Amérique après avoir demandé l’ouverture d’une enquête sur la liberté d’expression au Vénézuéla depuis la sortie des ondes de la RCTV.

Ivan ERHEL